Biographie

Germain Lemieux est né à Cap-Chat, en Gaspésie (Québec), le 5 janvier 1914, d’une famille modeste de 12 enfants. Très tôt, il dut, comme les autres membres de la famille, partager la besogne quotidienne, tout en allant à l’école dès l’âge de 6 ans. Il affirme avoir appris, à l’école et à la maison, à travailler sérieusement. Il aime la musique, il est violoneux à l’âge  de 7 ou 8 ans, il  chante avec  les autres,  répète  à la  maison  les chants entendus à l’église paroissiale. Comme les jeunes de son milieu, il assiste à des veillées où l’on chante, danse, raconte des légendes, des contes, des faits historiques enjolivés par la tradition orale.

À l’école, il réussit plus que la moyenne. On décide de l’envoyer aux études. Il se prépare au cours classique pendant une année entière, chez les Filles de Jésus qui ont un couvent dans la paroisse. Ambitieux et assez doué, il maîtrise son français et la composition française, ce qui lui ouvre les portes du Séminaire de Gaspé en septembre 1928. C’est la crise économique. Il travaillera en forêt pendant ses vacances, pour contribuer au budget familial.

Après un cours classique de sept ans, il décide d’entrer chez les Jésuites, à Montréal. Comme tout religieux de cet ordre, il répète son cours classique, insistant sur la formation littéraire et philosophique.

En juillet 1941, il est nommé professeur au Collège du Sacré-Coeur de Sudbury où il enseigne pendant trois ans la classe de 12e, tout en s’occupant de la chorale. Il se sert facilement des contes folkloriques de son enfance pour renouveler l’enseignement des Institutions grecques et latines. Il recourt souvent à la chanson folklorique pour souligner certains points de l’histoire de nos ancêtres du Moyen-Âge.Lors d’un second stage d’enseignement à Sudbury en 1947, il décide de recueillir contes et légendes de la région de Sudbury.

Dès 1950, il publie, dans la collection des «Documents historiques» de la Société historique locale, de timides résultats de ses enquêtes folkloriques​.

Pendant plus de 30 ans, il va de village en village, de maison en maison, pour enregistrer sur bande sonore, et plus tard sur bande magnétoscopique, les documents oraux que nos soi-disant analphabètes ont conservé dans leur prodigieuse mémoire.

Déjà, en 1944, Luc Lacourcière de l’université Laval (Québec) inaugurait une chaire de folklore qui fit bientôt partie du programme des études universitaires.

Après quelques années d’enquêtes folkloriques en Ontario, il va étudier la tradition orale à l’université Laval où il côtoie Luc Lacourcière, Marius Barbeau et Mgr Félix-Antoine Savard. Il revient de Québec, en 1955, avec une maîtrise en histoire, et, en 1961, avec un doctorat en études canadiennes.

Pendant ses études universitaires, il visite les Métis du Manitoba, plusieurs villages acadiens, et revoit souvent son pays natal en Gaspésie, recueillant chansons, légendes, contes, gigues de violoneux, techniques artisanales et mémoires de vieux marins et forestiers.

Il a enregistré plus de 3000 versions de chansons folkloriques, près de 650 versions de contes et de légendes: il est même allé faire des enquêtes en France, en 1971. À partir de 1972, il publie une collection de récits folkloriquesLes vieux m’ont conté qui compte 33 tomes

Il enseigne l’histoire de l’Antiquité et la civilisation canadienne à l’université Laurentienne, de 1961 à 1966; il va enseigner quelques semestres à l’université Laval, et reprend sa recherche folklorique à l’Université de Sudbury où il est le premier professeur du département de Folklore, en 1975. Il a fondé, en 1972, le Centre franco-ontarien de folklore, dont les bureaux étaient situés à l’Université de Sudbury.

En plus de l’enseignement et de la préparation de ses manuscrits, il a donné bon nombre de conférences dans les milieux universitaires, en Alberta, au Manitoba et en Ontario. Souvent il a donné des ateliers dans les écoles françaises de Toronto, Timmins, New-Liskeard, Kapuskasing… et surtout à Sudbury; il est souvent invité comme conférencier dans les associations sociales ou culturelles.

Il se retire en 1984, il travaille à la promotion du patrimoine franco-ontarien, en fondant un musée qu’il a constitué depuis près de 40 ans, dans un but pédagogique. Cette œuvre culturelle, qui a pris racine au Centre franco-ontarien de folklore, a attiré l’attention de plusieurs universités et organismes gouvernementaux. Le père Lemieux a été honoré à plusieurs reprises en reconnaissance de son travail de folkloriste, de professeur, d’écrivain et d’animateur dans le domaine culturel.

Germain Lemieux est décédé à l’âge de 94 ans le 26 mars 2008, à la maison des Jésuites de Saint-Jérôme.